Interview pour chronic'art- rubrique QUEER-JE? 07/07/2010

Interview pour chronic'art- rubrique QUEER-JE? 07/07/201

l'interview telle qu'elle est en ligne:

http://www.chronicart.com/queerje/queerje_070710.php



Je me permets de mettre sur mon blog l'interview en intégralité, car trop longue pour le format de Chronic'art, bien que je l'ai réécrite 3 fois.

Questions de Cyril Lener

Entretien Naïel Lemoine, photographE, féministE et queer.

Par Cyril Lener/Chronic’art/Rubrique Queer-Je ?

naiel freaks

1 – Présentez-vous. Quelle est votre démarche artistique ?

Je m'appelle Naïel, je suis photographE féministE1 ,militantE, Queer, et plein d'autres choses...:)Mais je suis, avant tout unE individuE qui aime et utilise la photographie comme moyen d'expression et de résistance...

Je ne saurai rentrer dans aucune case, identité fixe qui me constituerait comme sujet...je “suis” post identitaire...

Je peux, dans un souci de luttes et de visibilité,et selon l'espace/temps présent, revendiquer certaines identités politiques comme identité non binaire et mouvante, AssignéE Female To Unknow..( FTU).“not a girl”, "not a boy”,just an another “gender”,transgenre, genderqueer, pédéE, gouinE...

Comme je pense que les mots sont importants et que nous y mettons toutEs des sens très différents, je souhaiterai qu'on lise non mes définitions de queer, féministe, genre,.., mais ce que je mets sous et sur ces mots en expliquant d'où je me situe, quels courants de pensées ont pu m'influencer et dans quel contexte particulier je les utilise ou non : tout ceci est disponible ici:

http://blog.naiel.net/index.php?post/2009/04/02/Intervention-Du-31-mars-dans-le-cours-alternatif-langagen-Pouvoir-et-ideologies-ILPGA-Paris-III-sur-Destroy-Genders-or-fucking-genders

Naïel n'est pas le prénom qui m'a été assigné à la naissance, je l'ai construit comme je construis mon corps, ma personne quotidiennement en tentant de déconstruire les normes qui m'ont faitE advenir en tant que sujet.

Naïel est un prénom construit et politique. Il est le fruit de la contraction de Nat-il/el qui est un prénom construit et choisi, comme peut l'être cette p… de binarité des sexes et des genres qu'on pense "naturelle" et qui régit notre société. Naïel est là pour vous rappeler qu'il n'y a pas de nature dans ce système binaire seulement des constructions sociales, politiques, culturelles...qui divisent en deux l’humanité afin de légitimer le sexisme , l’oppression d’une catégorie par une autre, les « Normes »…et toutes les discriminations et violences qui s’exercent sur des personnes dites a/normales.]2

La photographie est pour moi un outil privilégié au service de ce que je souhaite exprimer.

Je fonctionne essentiellement par projets et non par images choc, bien qu'un de mes terrains privilégiés soit les manifestations et la vie de tous les jours,et des photographies sans mise en scène.

J'essaye dans ma démarche et notamment pour “fucking genders” de ne pas “assigner” les personnes à une image fixe et non voulue de leur part. J'essaye de pas tomber dans le piège d'« un discours sur »et de laisser la place « à un discours de » ( chaque personne a pu se mettre en scène, s’autodéfinir sur un schéma , ainsi qu’expliquer comment ellE se positionnait à un moment donné par rapport au binaire, au genre)….Même si cela passe par le filtre de mon regard...

je n'ai pas une démarche particulièrement esthétique : l'émotion que mes images peuvent créer prime sur la “ beauté” , le côté “joli”...

J'ai une une préférence pour le noir et blanc , je ne sépare pas la photo dite “traditionnelle” argentique des autres modes de production d'images, ni ne les hiérarchise.

Ce qui me touche émotionnellement m'inspire, cela peut être un paysage un visage, une injustice....

J'aime aussi les errances dans des “no humans'Land” en compagnie de mon appareil.

2- Au niveau du langage, en quoi l’usage d’Internet permet-il la construction d’identités dénormées, dégenrées ?

Le concept même d'identités dégenrées ou dénormées, me pose déjà question.
Quand une nouvelle identité se crée, se visibilise elle produit et entretient ses propres normes, qui peuvent être en rupture avec les normes majoritaires mais qui peuvent aussi produire de nouvelles injonctions dans des milieux /contextes très particuliers... je préfère pour des raisons personnelles parler d'identités politiques ( ce qui n'a pas le même sens que de parler d'identité ) alternatives. Ces identités politiques alternatives ne se sont pas créées avec internet, internet par sa capacité à faire circuler de façon très rapide un flot important d'informations ( pas toujours pertinentes d'ailleurs) a permis de relier aux quatre coins du monde des personnes qui essayent de ne pas rentrer dans les normes binaires via les forums, les réseaux sociaux, les groupes....

En ce qui concerne le langage, beaucoup de personnes avant l'arrivée du Web 2.0, s'étaient déjà attelées à créer d'autres formes de langages, car le langage biaisé , produit et entretenu par le régime hétérosexiste ne permet pas de rendre compte des réalités que nous vivons.

La langue française étant extrêmement genrée, il reste difficile de la « dégenrer au quotidien »: par exemple, on peut utiliser le E majuscule que personnellement j'utilise tout le temps à l'écrit, il y a aussi le  « -e »( exemple: à la place de tous , on peut écrire tout-e-s), ces deux façons de dégenrer le langage sont issues des mouvements transpedegouines libertaires et féministes. Cela fonctionne à l'écrit et cela circule relativement bien, même si cela commence à dater , dans tous les réseaux informés, mais pas du tout à l'oral.

Un nombre importants de personnes ont aussi essayé de créer un autre langage en ce qui concerne les pronoms et l'injonction au  « il » ou au « elle » : iel, Yel,ilLE ( se prononce ilé)....Malgré internet et sa capacité à faire circuler ces pronoms différents, peu de gentes se questionnement quand on utilise le iel, ilLe, ou le E, le -e...

.Leur compréhension et leur utilisation restent confinées à certains réseaux , desquels ils ont du mal à sortir...

Il semblerait que la langue anglo saxonne présente moins de difficultés car moins genrée: en pronom on trouve souvent le « zhe » ou « sie », certainEs utilisent aussi le pluriel pour montrer que leur « identité » ne peut se décliner que dans la multitude ( « they »). En ce qui concerne les pronoms possessifs, on voit aussi fréquemment le « hir », qui est un mix de her et his...

Internet permet , mais je le répète dans un certain réseau, de faire circuler ces « tentatives de langages  degenrées » et pour ceulLes qui se retrouvent dans cette volonté de ne pas être genréE, d'y avoir accès assez facilement.
Cela permet peut être de voir/ de pouvoir penser que d'autres « identités » non conformes sont possibles , vivables, et de se/déconstruire/reconstruire plus rapidement qu'avant, parce qu'il existe déjà une visibilité...

Il est aussi possible de ne pas genrer les personnes , on peut au niveau des pronoms ne jamais utiliser le « il » ou le « elle », pour cela voir un article écrit pour les UEEH 2009 (http://blog.naiel.net/index.php?post/2009/08/29/Ne-pas-genrer-les-personnes-%C3%A0-priori.)

Pour avoir une idée de ce que peuvent être des UEEH :

http://www.ueeh.net/temp/

3- Dans le cadre de cette réappropriation par la langue, observez-vous des spécificités typiquement françaises dans la construction d’une post-identité et sa diffusion sur le réseau?

Je reprendrai la notion de construction d'une post identité par la notion de constructionS/déconstructionS/reconstructionS sans fin de post identitéS, car je pense que la multitude est une des manière de semer le trouble dans le système binaire.

Sur les spécificités françaises, j'en ai un peu parlé au-dessus, et je déteste parler de spécificités françaises dans cette société où l'identité nationale est reine. Peut -être parler de spécificités francophones, qui est plus lié à la langue utilisée qu'à une notion de frontières et d'état nation serait plus juste , le langage est important.

De plus je n'ai pas encore eu vraiment l'occasion de beaucoup voyager, et je pense qu'à l'intérieur de chaque langue, il y a des minorités qui créent un langage dégenré ( j'ai déjà parlé des pays anglo saxons) , par exemple en Catalan, le * ou le @ sont des manières de dégenrer une langue très genrée : elle devient ell*....

Je ne suis pas surE qu'il y ait des spécificités francophones et sa diffusion sur internet fonctionne mais ne pose pas forcement question , et donc est invisibilisée...

4- Plus globalement, quels outils de base où spécificités de la communication sur Internet vous paraissent les plus propices à la queerisation - déshétéronormalisation du genre dans la construction d’une post-identité ? ( de post identités);

Je vais être très brèvE sur le sujet, car je ne suis pas unE geekE. Je pense que déjà la création de réseaux sociaux, forums publics où dès l'inscription on ne vous oblige pas à cocher obligatoirement homme ou femme poserait d'emblée la possibilité ( même si je pense sincèrement que peu de gentes le remarqueraient) pour toutEs de penser la « dégenration » ( de pouvoir penser l'impensable , cette évidence de la binarité des sexes/genres). Et c'est loin d'être le cas actuellement...

5- Quel est le poids d’Internet dans l’accès aux médicaments et aux opérations relatives aux modifications du corps ?

Je rectifierai d'abord ta question: je vais plutôt parler du poids d'internet dans l'accès aux informations sur les possibilités de modifications corporelles. Et dans un contexte plus précis qui est celui des transidentités.

Je ne parlerai pas de médicaments non plus: un médicament fait en premier lieu référence au traitement d'une maladie. Or les personnes transidentitaires ( terme large pour éviter de reproduire les divisions internes au milieu trans) ne sont pas malades.
Et même si Bachelot, par un tour de passe passe a fait repasser la transsexualité dans une ALD hors liste,les personnes transidentitaires ne sont toujours pas , contrairement à ce qui a été largement diffusé par les médias, dépsychiatriséEs de manière effective:

pour avoir accès à une modification corporelle qu'elle soit hormonale ou chirurgicale en (f)rance, une personne doit toujours aller voir un psychiatre qui lui dit si elle est trans ou pas, selon leurs critères, qui restent basés sur le DSM- IV (   qui est juste le manuel de référence qui définit les troubles mentaux , rédigé par un collège de psychiatres américains et qui fait loi ici) et sur la CIM 10 ( classification internationale des maladies publiée par l'OMS) pour obtenir son papier qui certifie qu'elle est dysphorique de genre.
Tant que des psychiatres pseudos experts décideront pour nous, qui nous sommes et ce qui est bien pour nous, il n'y aura pas de dépsychiatrisation effective.

Après il est intéressant de noter que, seules les modifications concernant des zones dites « sexuelles » et pour certaines catégories de sexe, par la société hétéronormée soit soumises à l'aval de la psychiatrie. Se faire augmenter les seins quand on a été assignéE femelle à la naissance est une pratique de plus en plus courante, libre ( enfin si l'on évacue la pression de la société sur les normes de LA Femme d'aujourd'hui), se faire refaire le nez ne pose pas plus de problème....

La force d'internet a été de faciliter les échanges via de nombreux forums , de pouvoir discuter , d'avoir des photos, des idées de couts, et ainsi de pouvoir choisir ce qui est le mieux pour soi ( enfin en fonction de son niveau de vie bien sûr).
Un des forums où je suis alléE le plus souvent, pour des informations techniques mais surtout pour échanger avec des personnes ouvertes à des « parcours » différents, des transidentités différentes, a été celui de Lazz ( il n'est plus en service actuellement) et je ne retrouve pas les archives: ftmvariation ( le nouveau forum destiné au FTM pédés et à leurs partenaires se situe là: http://www.ftmvariations.org/forum/.
Il y a également ce forum avec des informations techniques de grande qualité:http://ftm-transsexuel.info/.

Ces forums en langue française ont permis de créer des réseaux en tous genres, et a grandement participé à l'émergence de la visibilité FTM en (f)rance, avant il fallait se rendre sur des sites anglophones ou aller frapper aux portes des associations.

Cela a aussi eu pour incidence des contacts plus virtuels, alors que les groupes d'auto support développés par certaines association trans restent des lieux plus « humains » pour discuter et échanger ( GAS ; http://www.outrans.org/spip.php?rubrique3).

Dans le même temps, je tiens à signaler que beaucoup de sites de body art, de performances artistiques( issues des performances des années 70) dans lesquelles les modifications corporelles sont la pratique artistique même, ont aussi émergé, et il existe des liens ou pas entre ces divers « milieux »

6- Le pouvoir politique semble complètement dépassé par la nature des évolutions généralement induites par Internet. Dans quelle mesure comprend-il l’illustration de du queer et de la post-identité sur le réseau ?

Le terme de pouvoir politique me semble très flou: de qui parle-t-on ? Du pouvoir politique qui sévit en ce moment en (f)rance? Autre part? Des politiques ?du politique ou de la politique, ce qui est différent.

D'une manière générale , je ne pense pas que le « pouvoir politique »( pour le coup j'y mets toutes les personnes qui gouvernent des pays), soit dépassé par internet, bien au contraire.

La circulation, par exemple de photographies sur les scènes de torture à Guantanamo, répondent à une logique et une volonté précise de légitimer un impérialisme américain et la guerre de façon plus générale au non d'une pseudo liberté qui définirait ce qui est humain de ce qui ne l'est pas, de quelles vies sont vivables , légitimes alors que d'autres vies ne le seraient pas ( car sauvages , barbares, ne répondant pas aux normes des sociétés dites modernes, et donc relayées à des sociétés inférieures d'un autre temps, qu'il faut éduquer ou détruire ( et là je fais très simple, la réalité est beaucoup plus complexe....).

Et c'est justement une des particularités des analyses dites queers ( mais aussi d'analyses féministes matérialistes ) de croiser les questions de classe , de genre, de race et de pointer de façon claire la colonisation qui continue de populations dites « barbares » par les sociétés occidentales dites modernes, mais je m'écarte un peu du sujet.

Je ne peux pas répondre à la deuxième question car le terme de pouvoir politique est trop vague et sans contexte.

Après qui voit, veut voir, comprend, les « illustrations » diverses « queer » , sincèrement je n'en sais rien, mais pour pouvoir à minima les comprendre encore faut-il être en lutte et prendre conscience du régime heterosexuel politique colonial et raciste qui nous a constituéEs en tant que sujets....

En ce qui concerne la photographie plus précisément, des artistes comme Del la grace Volcano, et beaucoup d'artistEs francaisEs aussi ( là je ne peux pas toutEs les citer, et il y a aussi toute la production artistique féministe à citer) qui comment à avoir un certain poids et qui peuvent arriver à toucher un public plus large.

Après, comme je l'avais écrit dans l'article pour la 10ème Muse (Dossier Genre, p19, la dixième Muse, n°37, mars/avril 2009.)

http://blog.naiel.net/index.php?post/2009/03/16/article-dans-la-dixieme-muse-N37-mars/avril%3A-dossier-genre,
il me semble important dans cette subversion de ne pas ériger via ces “productions” de “genres” “degenréEs”, de nouvelles normes, de nouvelles injonctions....à une nouvelle norme identitaire “queer” ou “freaks”.

La subversion que peut produire une image dans un certain espace/temps peut devenir une injonction dans un autre espace/temps et en tant qu'artistEs nous ne maîtrisons absolument pas les discours sur nos productions qui sont parfois l'inverse de ce que nous souhaitions montrer. C'est d'ailleurs un des aspects intéressants et parfois très agaçants de la multitude des diffusions d'images décontextualisées sur le net.

J Butler parle d'ailleurs, via l'analyse des discours de Susan Sontag et de la circulations des photos de scènes de torture à Guantanamo et Abou Ghraïb (

« Ce qui fait une vie:Essai sur la violence la guerre et le deuil ») des questions liées à l'image et de sa diffusion décontextualisée et donc de ses réceptions diverses.

7- Qu’est ce que le Destroy Genders/Fucking Genders ? Comment le diffusez-vous sur le réseau ? Et comment l’observez-vous se diffuser de lui-même ?

« Destroy Genders or fucking genders: pour une société non biniare » est un vaste projet qui combine photographieS, textes, et schémas ( et aussi vidéos); et qui je le reprécise à chaque fois, mais cela ne semble pas entendu, n'est pas une exposition sur les trans et les intersexes.

Elle questionne le genre et « l'ordre naturel des genres/sexes », dans ce sens , elle nous concerne toutEs.

Cette exposition n'est que la 4ème partie d'un projet plus vaste que vous pouvez lire sur mon ancien site ( en français):

http://naiel.net/

et sur le nouveau site bientôt à la même adresse en 4 langues. Les vidéos sont déjà en 4 langues ici:http://www.myspace.com/fuckinggenders

Toute la démarche de cette exposition est expliquée ici:

http://blog.naiel.net/index.php?post/2009/04/02/Intervention-Du-31-mars-dans-le-cours-alternatif-langagen-Pouvoir-et-ideologies-ILPGA-Paris-III-sur-Destroy-Genders-or-fucking-genders

Je tiens aussi à préciser que cette exposition date de 2007, et qu'en la faisant j'étais déjà dans d'autres réflexions comme toujours .

Comme pour touts mes expositions , je les présente d'abord dans un espace/temps réel ( pour celle-ci:cela a été le festival Cineffable 2007), ce qui était déjà un challenge en soi, car Cineffable est un festival non mixte lesbien.

Après, elle a été mise sur mon site personnel, puis j'ai aussi créé un myspace pour cette exposition là, car je ne pouvais pas mettre à jour mon site moi même, et aussi parce qu'à cette époque Myspace permettait de diffuser rapidement dans toute la (f)rance et hors de (f)rance, ce qui m'a permis de créer des liens avec beaucoup d'artistes notamment à Berlin.

Je l'ai également diffusée sur beaucoup de forums en (f)rance, les personnes qui ont aimé ont relayé , diffusé sur d autres espaces de la toile. Mais il faut au départ poster beaucoup et parfois on a l'impression de se vendre. Cela prend aussi énormément de temps et d'énergie, mais cela permet à des personnes qui n'ont jamais pu venir physiquement voir cette installation, de la voir au moins sur le net.

Maintenant, je suis beaucoup moins actifE par rapport à cette exposition sur le net, elle se diffuse ou pas d'elle même, j'ai parfois des mails d'insultes ou des mails de personnes qui me disent avoir été touchées et poussées à la réflexion par cette exposition.

Nous sommes en 2010, et j'ai fait beaucoup de choses en photographie avant et après « fucking genders », mais elle semble avoir marqué les gentes de par la haine ou l'intérêt qu'on peut me porter.

Pour tout ce qui concerne cette exposition vous pouvez trouver des réactions ( sur mon blog naielworkinprogress qui est en reconstruction aussi) , et un peu partout via google si vous tapez naiel ou fucking genders. Vous pouvez aussi trouver une brève analyse de ce que cette exposition a pu déclencher comme réactions et en retour comment elle est parfois devenue lourde à porter
...ainsi que les limites qui la constitue : penser l'impensable.

8- Vous êtes très actifE sur les réseaux sociaux (notamment Facebook et MySpace). Quelles spécificités d’interface des réseaux web 2.0 vous semblent les plus intéressantes dans l’appel à une autodéfinition de l’identité ? Quelles sont leurs lacunes ?

Le web 2.0 a permis au plus grand nombre de créer des blogs/sites sans avoir à taper du code, ce qui a démocratisé et multiplié le nombre de blogs/sites sur la toile. La possibilité de laisser des « comments » permet aussi d'avoir des retours et des échanges . Après il y a eu la mode myspace ( à l'époque où j'ai créée le mien en français, il fallait taper un peu de code quand même, il n'y avait pas de proposition en français d'interfaces graphiques modulables toutes prêtes), qui m'a permis de diffuser et de rencontrer virtuellement et parfois dans la vie des personnes intéressantes.

Mais sur la question de l'autodéfinition de l'identité et notamment sur la question des genres sur myspace et facebook ( qui est devenu le réseau social à la mode et qui est déjà dépassé par d'autres), il faut toujours cocher la case soit homme soit femme, ce qui ne permet pas de s'autodéfinir.

La binarité des genres/sexes est tellement inscrite comme une évidence ( et donc qui ne se questionne pas) qu'on la trouve également sur des réseaux sociaux.

Sur myspace , en plus, quand vous faites une recherche via google, la première information qui apparait en gros à coté de votre blog est FEMALE ou MALE...

.Facebook n'y échappe pas non plus même si on a le choix de paramétrer ce qu'on fait apparaître ou pas et donc de faire apparaître ou non sur sa page les deux catégories « femme » et « homme ». Mais pour s'inscrire, sur le site français ( je ne m'avancerai pas sur l'interface anglophone car je ne suis pas sûrE), vous êtes obligéEs de cocher homme ou femme.

Dans quelques réseaux sociaux , mais plus spécifiques à un intra réseau « queer », « transpédégouines », vous pouvez cocher autre chose ou ne rien cocher et ceci dès le formulaire d'inscription ( voir le réseau qu'a cité Kings queer). Mais ces réseaux sont souvent très confinés par choix ou non, et peu de gentes hors milieu TPG, féministes... les connaissent.

Pour ce que je connais des réseaux sociaux , ils ne permettent pas pour l'instant de s'autodéfinir et restent soumis au , produits par et entretiennent un régime politique binaire du genre/sexe.

Je signalerai aussi que toutes ces facilités induites par le web 2.0 ont un coût politique élevé:
l'acceptation du système capitaliste avec toutes les pages polluées par la publicité et l'utilisation de vos données personnelles à des fins commerciales au moins pire)...
Le militantisme existe aussi en informatique, les systèmes d'exploitation libres comme Linux et ses divers variations, les logiciels libres ( la suite open office et un tas de logiciels libres) sont utilisables et proviennent de réseaux coopératifs alternatifs..
.Pour une personne non geek comme moi, elles peuvent sembler difficiles d'accès au premier abord , mais le deviennent de moins en moins...

Certains réseaux ont intégré par choix militant ces outils informatiques alternatifs comme des listes ( sympa...) , des sites/blog ( ouvaton, poivron....) et sont de ce fait un peu plus difficiles à trouver sur le net.

9- Existe-il une particularité d’échange, de collaboration sur Internet entre photographes ou plus globalement d’artistes travaillant sur la question du genre, sa déconstruction ?

Je fréquente très peu le milieu des photographes, étant autodidacte, ce n'est pas toujours simple, mais oui il y a des projets qui existent ou ont existé, mais leur impulsion ne vient pas du net.

La queer factory ( le site n'est d'ailleurs plus en ligne, il reste des liens comme via le site de Cy Yung

http://cyjung.com/spip.php?article88

, les collaborations DIY ( « dykes rivers » qui ne se définit pas forcement comme queer et plein d'autres)…

http://www.dykerivers.com/

On découvre aussi des artistEs via le web qui travaillent sur ces questions, mais iels sont parfois dans d'autres réseaux que moi, dans des réseaux plus spécifiquement artistiques avec tout ce que le monde de l'art peut générer comme exclusions, questions de légitimité, de ce qui est art ou non...

CertainEs artistEs sont impliquéEs dans différents milieux, comme par exemple Tom de Pekin, Bogdan W rousseau....( iels naviguent dans le monde de l'art et dans d'autres milieux plus militants:

un collectif l'évadée expose d'ailleurs aux festival off d'Arles cette année « identity Lab »:

http://www.voies-off.com/index.php/fr/identity-lab

Après , ne fréquentant pas particulièrement le milieu de l'art , ni sur le net ni dans la vie, je ne suis pas très au courant des collectifs qui se créent, ni comment ils se créent.

10- Quelles sont les prochaines étapes que vous aimeriez atteindre dans votre démarche artistique et militante ? Quelles évolutions technologiques récentes ou à venir vous semblent les plus prometteuses dans l’atteinte de ce but ?

Les trois dernières années de ma vie ont été compliquées, de par ma vie personnelle (des déménagements successifs paris-Marseille-paris-marseille), de par mon engagement militant dans des groupes et dans la création de certains et des désillusions en tous genres qui vont avec, de par les violences internes aux dites « communautés » trans , queers..., et tout ceci entre autre ne m'a pas permis de me rendre disponible pour la photographie.

Pour le militantisme , ma réponse est claire , nette et définitive, en groupe c'est terminé pour moi sauf pour des occasions ponctuelles, car les luttes fragmentées, égotiques, des luttes où on ne peut plus parler librement et qui visent la formation de sujets homogènes sont devenues pour moi des pertes d'énergie, de temps sans compter le coût affectif.

Mon militantisme s'exprimera comme avant par mes projets photographiques, ou pas.

Sur ma démarche artistique, j'aimerai travailler plus sur des projets purement photographiques mais aussi sur des projets mélangeant différentes formes d'expressions. J'aimerai aussi participer à des collectifs mais ne plus être soumisE à la pression du monde militant.

J'ai déjà depuis 2007, un tas de photographies qui circulent sur le net, d'autres sont dans des disques durs, j'ai un travail énorme de tri à faire, et déjà une dizaine de projets écrits mais non réalisés.

  • - « Réfractaires au genre »

  • -un projet plus global sur l'antipsychiatrie, l'enfermement et le contrôle sur nos personnes

  • un travail en cours sur les questions Cyborg qui sera peut être exposé aux ueeh cette année si je l'ai fini à temps , ce qui semble mal parti.

La refonte de mon site web depuis novembre 2009 prend également beaucoup de temps, et je pensais en avoir fini avec « fucking genders » mais la possibilité de rendre les vidéos interactives va surement me pousser à retravailler les parties vidéos afin de les rendre plus attractives et moins indigestes.

Je repense actuellement aussi ma démarche artistique.

En résumé, je souhaite un peu de paix, même si de par ce que suis, je suis toujours en résistance, pour me consacrer à mes projets qui bien sur ne sortent pas de nulle part et questionneront ce qui me questionne.

Sur les avancées technologiques qui pourraient me permettre tout cela, je n'ai pas grand chose à dire, si ce n'est qu'elles ont un coût financier et que mon matériel actuel ne me permet plus de faire ce que je veux...

Pour l'instant, je n'ai pris aucun engagement en ce qui concerne des expositions, car j'ai besoin de repos et de me re/trouver, je pense juste pour la première fois de ma vie participer à un concours à Nice et retourner aux rencontre off d'Arles .

Je pense à terme aussi me rapprocher plus des »milieux » artistiques divers sur le net et dans la vie.

L'actualité de mes travaux peut se suivre via

www.naiel.net/

www.naiel.net.blog/

www.naiel.slide.com/

photos d'évènements militants

http://www.myspace.com/fuckinggenders

http://www.myspace.com/naiel13

http://www.facebook.com/naiel13

Mon Facebook est plus destiné comme l'était mon myspace à des informations à caractère militant.

  • ….

1

2Extrait de l'exposition Destroy genders or fucking Genders, Naïel, http://naiel.net/

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