"La
Cissexualité*, ce douloureux problème"
Quand les
minorités viennent nommer et questionner la norme
Toutes les
minorités (personnes racisées, gays, lesbiennes, intersexes,
précaires...) sont des minorités car elles ont en commun les
actions exercées par la norme sur elles:
être
invisibilisées
être nommées par
les autres
être stigmatisées
via des différences érigées au nom de dame nature
avoir leurs corps
exotisés, fantasmés par les normes en vigueur
être, de par des
différences fabriquées comme fait de nature, discriminées d'un
point de vue légal ou / et social
avoir LEUR parole
confisquée par des pseudo expert.e.s
être des objets
d’étude ( rappelez vous la construction du concept de race par la
médecin et sa mesure...)...
Elles se re-nomment
aussi , elles, mêmes « minorités » pour se regrouper,
pour lutter, remettre en question les normes et montrer la fabrique
de l'a/normal par la société et souvent via la distinction « sain/
pathologique ».
Qui
n'a jamais entendu parler de « La Transsexualité*, ce
douloureux problème »? Les médias nous inondent de la
souffrance supposée et nécessaire; et des « transformations
spectaculaires » des personnes trans en invitant des médecins
pseudo expert.e.s et gardien.ne.s des possibilités de vie des trans
pour parler sur les trans comme objets d'étude, de pratiques sur
et de discours sur.
(*Je
n'aime pas les termes de transsexualité ni de cissexualité car
transsexualité, transsexualisme ont été les noms, que les
psychiatres ont choisi pour nommer les trans. Si j'utilise le terme
cissexualité dans le titre, c'est en retour à ce titre
racoleur , mais qui parle à tout le monde (
questionnez-vous...pourquoi est-il si parlant?), « la
transsexualité ce douloureux problème ». C'est un
retournement.
Pour
les trans comme pour bien d'autres minorités, la question majeure
qui se pose est comment reprendre du pouvoir sur nos vies,
s'empowermenter quand on est constamment montré.e comme victime,
« erreur de la nature », sans possibilité de se nommer ,
dépendant.e des décisions du pouvoir biopolitique, quand d'autres
nous nomment et décident à notre place qui nous sommes et ce que
nous avons le droit de faire de nos vies?
Une
des formes de 'la capacité de pouvoir d'agir ( empowerment)»
est le retournement et le questionnement de LA norme. LA Norme qui
possède ce privilège de ne jamais avoir à se nommer car
considérée comme naturelle et donc invariante et universelle (et
n'ayant SURTOUT rien à voir avec une production de la société dont
le processus même de production aurait été invisibilisé)
Ainsi
l'hétérosexualité n'a été été « inventée » ou
nommée que quand une minorité opprimée par cette norme, nommée
par elle, les homosexuel.L.e.s , a commencé à s'affirmer et à se
rebeller en se réappropriant les insultés, en nommant la norme et
par cette nomination se réapproprier un nom et une capacité d'agir
.
« II
est intéréssant de noter qu'à nommer et à classer « qui
sont les autres? ( Delphy, 2008) , on se nomme soi même ».
(l'invention
de la culture hétérosexuelle,Tin 2011) ( La Trans-yclopédie : Tout
savoir sur les transidentités »,dirigé par Karine Espineira,
Maud-Yeuse Thomas et Arnaud Alessandrin,2013 , Éditions des Ailes
sur un Tracteur, p 137.)
L'homosexualité
était une maladie mentale jusqu'en 1991 et classifiée dans le DSM
III, elle a été pénalisée longtemps en (f)rance et il a fallu
attendre 1982 pour qu'elle soit « dépénalisée ». Il
semblerait que beaucoup de gays et de lesbiennes aient oublié leur
histoire quand on lit, entend , leurs réactions face aux personnes
trans!
Aujourd’hui
les trans sont toujours dans le DSM V qui vient de sortir et en
(f)rance toujours « soumis » à la validation de leur
« identité » par des psychiatres. En effet tout comme
pour la construction du concept de race, ce sont les médecins et
plus particulièrement les psychiatres (suivant la bible non
obligatoire qu'est le DSM*), qui ont instauré de manière illégale
et avec un monopole de toute puissance, des la fin des années 70 un
protocole de soins du « transsexualisme » et des équipes
qui se sont elles-mêmes auto-proclamées officielles ( « équipes
off ») composées de la triade psychiatre, endocrinologue et
chirurgien. Et ce sera le psychiatre qui dira, au bout de deux à
trois ans si vous êtres trans et si pouvez « intégrer »
un parcours unilatéral , complet, non choisi qui a pour but de
fabriquer des sur-hommes et des sur-femmes, tout comme la société
hétéronormée fabrique des hommes cis et des femmes cis*. ( pour un
explication complète de la violence faite aux personnes trans, voir
le schéma à la fin de l'exposition).
Cette
exposition reprend à son compte les techniques d'empowerment et de
retournement, en nommant la norme: le « cisgenrocentrisme* »,
les personnes CIS* , en les prenant comme objets d'étude, de
discours sur, d'écrits sur, tout comme le sont toujours les
personnes trans,
Ainsi
elle reprend les représentations et les questions les plus
courantes des Cis sur les trans , les protocoles
psychiatrico-médicaux et la nécessaire et Unique Histoire Trans
écrite par des cis pour continuer à co-produire des hommes et des
femmes plus conformes pour et par un régime politique hétérosexiste
, pour les appliquer aux Cis,
Il
s'agit ici déplacer les « questions trans »
d'un champ purement médico-légal à une question politique,
tout comme le font les luttes trans, en (f)rance, depuis le début
des années 2000.
Dans
ce cadre, elle reprend le concept de maltraitance théorique
développé par Francois Sironi:
« Ce
phénomène apparaît lorsque les théories sous-jacentes à des
pratiques sont plaquées sur une réalité clinique qu'elles
recouvrent, qu'elles redécoupent ou qu'elles ignorent. Elles
agissent alors comme de véritables discrédits envers la spécificité
des problématiques et des populations concernées. Ce type de
maltraitance a un impact direct et visible sur les patients, les
cliniciens, et sur la production de savoir dans la discipline
concernée. On comprend alors que la portée de la maltraitance
théorique n'est pas uniquement clinique, elle est politique. »
(extrait
de F. Sironi, Psychologie(s) des transsexuels et des
transgenres,Odile Jacob, 2011. p 14) ( L.R.,La
transphobie dans les discours et les pratiques
psychologiques,http://www.observatoire-des-transidentites.com/article-la-transphobie-dans-les-discours-et-les-pratiques-psychologiques-118154345.html)
Il sera ici
question de la maltraitance des psychiatres et autres pseudo
expert.e.s du « transsexualisme qui exercent leur toute
puissance. Ces psychiatres et autres qui ont écrit sur les trans ,
ont créé et continuent à exercer dans les équipes off * et à
maltraiter les personnes trans et qui pour certain.e.s ont récemment
créé la SOFECT* afin de lutter contre ces militant.e.s trans
qu'iels assimilent à des nazis.
Les citations à
coté des photographies sont des citations détournées (en noir) et
les citions originales( en rose ou bleu) des auteur.e.s ci-dessous.
Je n'ai pris que
les plus prolixes et connu.e.s pour avoir été zappé.e.s entre
autres par le GAT ( Groupe activiste trans) et Act Up , à savoir
Colette Chiland, Patricia Mercader, Mireille Bonieherbale et
Pierre-Henri Castel (dont vous pourrez consulter les écrits
transphobes dans la petite bibliothèque du cissexualisme*).
Mais
il est ici, aussi , question de toute personne cis et de ses
représentations.
En
effet cette exposition met à mal le « cisgenrocentrisme* »
qui procède de deux phénomènes invisibilisés dans leur
production:
Le processus de
« genrement » pensé
par les cis comme naturel et pur fait d'observation, leur donnant la
légitimé à assigner les autres en fonction de leur apparence,
alors que le processus de « genrement » est une
spéculation sur les apparences.
l’évidence
Cis:
penser
que le fait qu'on s’accommode à peu près de son genre est
valable pour toustes.
« En
d’autres mots, lae cis projettesans distinction son
« cisgenrocentrisme » sur les autres personnes, ce qui
transforme le « cisgenrocentrisme » en attribut humain
considéré comme acquis. Il y a là une analogie évidente avec
l’évidence hétérosexuelle : la plupart des cis supposent
que toutes les personnes qu’illes rencontrent sont aussi cis, tout
comme la plupart des hétérosexuelLEs supposent que toutes les
personnes qu’illes rencontrent sont aussi hétérosexuelles (sauf
si, bien sûr, illes ont eu preuve du contraire) ».
(
Julia Serano Whipping
Girl:ATranssexual Woman on Sexism and the Scapegoating of
Femininity (SealPress, 2007) ( traduction: «le privilège
cissexuel » par le lCollectif MTF
(Misandres
Terroristes
Féministes),
oct 2011, http://infokiosques.net/lire.php?id_article=884)
De
ces deux processus découle un sentiment exagéré
de légitimité cis qui
hiérarchise et rend plus légitime les
«identités cis» que «les identités trans».
« Cela
va au-delà de l’appropriation de leur propre genre, pour arriver à
un niveau où illes se considèrent comme les arbitres ultimes
pouvant statuer sur qui a le droit de se nommer femme ou
homme. »(...) « Après tout, personne dans notre société
ne demande jamais la permission d’appartenir à un genre ou un
autre ; au contraire, nous sommes juste qui nous sommes et les
autres personnes font en conséquence des suppositions quant à notre
genre. Ainsi, quand Greer utilise le mot "demander" et
"obligées", elle ne parle pas de si les femmes trans
devraient être autorisées à être des femmes, mais si oui ou non
notre appartenance au genre féminin devrait être respectée et
légitimée de la même façon que celle des femmes cis. En
attribuant différents niveaux de légitimité aux genres dans
lesquels s’identifient et vivent les gentes, en fonction de si
elles sont cis ou trans, Greer produit et exerce un privilège cis».
(
Julia Serano , idem)
Cette
hiérarchisation se base aussi sur le fait que «le
privilège CIS» serait un droit de naissance»:
« Étant donné que les cis sont généralement inconscientEs
du fait que leur sentiment de légitimité de genre résulte de
l’acte de genrement et de l’évidence cis, illes se mettent
souvent à justifier leur croyance que leur genre est plus légitime
ou "vrai" que celui d’unE trans . (
Julia Serano, idem)
Mais
il n'en découle pas seulement une hiérarchisation des « identités
de genre » , mais aussi deux
formes d'objectivisation des personnes trans qu'on retrouve et qui
sont présentées dans cette exposition:
une
concentration excessive et malsaine sur LA TRANSFORMATION physique
( tout comme on questionne les goys et les lesbiennes sur ce
qu'ils et elles font dans leur chambre à coucher). Thème central
des reportages télévisuels et de articles de journaux. Puisque les
cis sont la norme et donc sont plus naturel.l.e.s , il se sentent
légitimes pour questionner les différences par rapport à leur
propre vision du genre (cisgenrocentrisme) et construisent le zoo ,
la foire aux monstres...
un
phénomène de fascination/ exotisation sur les organes génitaux
des personnes trans: c'est une focalisation cisgenrocentrée sur
l'écart à leur propre vision du genre et du sexe.
En
mettant les personnes cis au cœur d'une exposition, pendant un
colloque fait par des trans sur les transidentités, j’espère
qu’elles pourront s'identifier et commencer à questionner leurs
privilèges de personne CIS.Le
questionnement débute par le fait d'avoir à se nommer , ce que peu
de personnes cis font, (il en va de même pour les personnes
hétérosexuelles), de faire son « coming out » de cis
pour prendre
conscience que la nature n'a pas grand chose à voir dans cela, que
les constructions qu’elles soient cis, trans, intersexes ou autres
relèvent du même régime politique « hétérosexiste,
raciste, classiste, validiste ...» qui fabrique des normes (
CIS, hétérosexuelles, blanches, viriles , valides, de classe..) en
les faisant passer comme fait de nature.
Et les personnes
trans , intersexes et autres « identitéS non binaires »
ne sont pas moins légitimes à exister que les personnes cis et
qu'ilLEs sont iels-mêmes expertEs de leurs trajectoires de vie!
Nous sommes
issu.e.s pour certain.e.s des mouvements féministes et en reprenant
ces grilles d'analyses à notre compte, nous affirmons:
« Nos
corps nous appartiennent »!
« Ne me
libère pas, je m'en charge ! »
Je terminerai par
une dernière citation en ce qui concerne la pseudo-neutralité des
discours scientifiques (vous pouvez aussi lire « la matrice de
la race », Elsa Dorlin) qu'on nous oppose en permanence:
« Le
neutre ne peut se résumer aux positions cisidentitaires, blanches,
mâles et occidentales (j’oublie hétérosexuelles et en bonne
santé). Le point de vue féministe ou Trans n’est en rien plus
partial que les points de vue professionnels présentés comme
neutres. L’expert doit donc impérativement dire ce dont il parle
mais aussi d’où est-ce qu’il parle. Ainsi, il situe le discours
à l’échelle d’une recherche, de son contexte et des
interactions qu’elle inclut «
( L.R, Idem)
Naïel,
08/07/2013
LES
REPRESENTATIONS SUR LES CIS
- 2
le CIS au cabaret
-
3
La CIS pute
-
4
La CIS bonne mère de famille




LES
SAUVEUR.E.S
-
5
l'apparition du CISgmate
-
6
Sainte Bonnie
-
7
Révélation: La CISchiatrie

LES
PROTOCOLES CIS

-
8
la pauvreté du discours CIs
-
9
Passe ton Rorschach
-
10
Passe ton MMPI-2
-
11
la mesure du sexe , de la race, des criminelEs, des déviantEs

-
12
L'hétérosexualité obligatoire
LA
REPONSE FOLLE A UNE DEMANDE FOLLE
-
13
remise du certificat de cissexualisme ou syndrome de chilette

LA
SOUFFRANCE DES CYSCHIATRES!
-
14
les vrais CIS ne sont pas homosexuel.le.s
-
15
L'affolement de la boussole du sexe
-
16
Mes Saints!

TOUT
CE QUE VOUS AVEZ TOUJOURS VOULU SAVOIR SUR LES CIS!

17
le dé/voile/ment

18a
/ 18b LA CIStoire ( ou LA seule Cis-histoire)

LA
REPRESSION/ LE DENI DES LUTTES/ DES MINORITES
19
le CISlitant et le CISage

20
le cis féministe
21
Les luttes Cis sont des luttes nazies

LE SCHEMA DES CONTRAINTES en (f)rance sur les corps trans

LA BIBLIOTHEQUE DU CISSEXUALISME
Le kit du Psychiatre spécialisé en Cissexualisme

